Récréation à Utopia 182 – Grenoble – 2021
« Le fond est la forme ? »
Et toi tu vois quoi?
Il y a une dizaine d’années, lorsque je commençais à m’intéresser à l’abstrait, j’ai réalisé une fresque au centre de Grenoble.
Un jour je reçois un coup de fils d’un ami qui repassait devant cette fresque avec son enfant et il me dit : « T’as retouché la fresque? La première fois qu’on l’a vu pour nous c’était une sorte de dragon géant et aujourd’hui on voit un paysage. T’as fait quoi? »
Rien. Je n’avais rien changé mais le regard des ces personnes avait évolué, c’était un autre jour, une autre lumière et entre temps ils avaient vécu d’autres choses, lu d’autres livres et vu d’autres paysages. Leur bibliothèque personnelle avait changé et en retombant sur cette œuvre ils la découvraient une seconde fois avec un regard neuf.
Nous sommes tous sensibles à des formes et des couleurs différentes, parce que nous sommes tous unique. En observant une œuvre abstraite « surchargée » notre cerveau doit faire une sélection de ce « trop plein » d’informations non figuratives, c’est ce qui permet à chacun d’avoir sa propre lecture de l’œuvre en fonction de ce qu’il est (je pense…).
C’est depuis que j’ai commencé à entrevoir le potentiel de l’art abstrait : Le spectateur est au centre de l’œuvre, il peut interpréter à l’infini ce qu’il voit : une émotion, une sensation, juste une forme abstraite, une monstre, un personnage, une scène, un paysage, rien etc. C’est libre. Tout le monde à raison et personne n’a tort.
